samedi 23 août 2008

Il était deux fois, une naissance


Elle arriva au collège, avec la ferme intention que rien ne serait plus pareil....

Elle tint parole. De victime, elle devint bourreau. Et là, profs, élèves, copines, parents, tous... se recevaient la même effronterie insensible et misanthrope en pleine figure.

C'était jouissif...

Elle se déchaînait en cours, au sport, pendant la recrée, se battait si quelqu'un l'avait mal regardée, allant parfois jusqu'à provoquer ceux qu'elle trouvait séduisants.

Mais seule, chez elle, elle ne voulait que mourir, fuir n'était pas possible.

Elle se sentait en trop, sa mère n'en avait que pour son frère, elle l'aimait trop, il ne lui restait rien pour sa fille. Mais peu importe, elle aussi aimait son frère, c'était son seul air frais dans cette puanteur.

Elle pourrissait.
Elle avait mal... mais tout le monde s'en foutait...

Elle se sentit appelée par le toit du bâtiment, la vue y est magnifique, s'approchant du bord, elle fut saisie d'une sensation étrange et agréable dans le bas du ventre... Mourir devait être une belle aventure!...

Elle tenta tout les jours d'exister. Se traînant, hantant la vie, attendant la mort.
A la question "que veux-tu faire plus tard?" elle répondant très sincèrement, et stoïquement : "mourir"
.
Elle se mit à lire.
.
Et cela lui procura un immense soulagement : elle ne se sentait plus vivre.
Elle lisait, des heures durant, enfermée dans sa chambre.
Maupassant. Elle appris des choses, des réflexions d'adultes, de penseurs, de psychologues. Elle compris qu'elle n'était définitivement pas à sa place. Ni dans sa place d'ado insouciante et inculte, ni de petite arabe dans une famille traditionnelle arabe, ou pour avoir de la valeur, il faut avoir des seins plus petits et plus bas ornant mollement une chose flasque et lâche, constituant un point faible très douloureux que certains prennent pour force. Elle n'était pas non-plus française, on le lui avait bien fait comprendre.
Elle était née trop vieille dans un monde trop jeune.
Elle se mit à penser à la vie, au but de tout ceci, persuadée que ce combat était perdu d'avance, puisque la vie était une maladie mortelle.

Elle se mit à écrire.

Elle remplissait les pages de poèmes pour La Mort. Elle aimait La Mort. Elle la trouvait belle, invincible, inéluctable, la seule capable de mettre tout le monde sur un même pied d'égalité.

Puis, elle se mit à penser au néant.
Et à Dieu.
Existait-Il?
Maupassant disait "On ne voit pas le vent, mais seulement ses effets"... Donc ... Dieu?

Elle fit un cauchemar. Le plus effroyable cauchemar, pire encore que le douloureux souvenir de sa naissance et de ce qui s'en était suivi..
Quelqu'un l'appelait... inlassablement... Elle en tremblait de peur, son visage se déformait de terreur. "Mais c'est Qui??? c'est Qui???" hurlait-elle...
"Le Vivant"

Elle se réveilla, tremblante, trempée, glacée...

C'était sa troisième naissance...

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